TECHNIQUE MACRO

La macro demande temps, patience et rigueur. 3 conditions essentielles pour obtenir des clichés valables dans cette spécialité de la photographie.

LE MATERIEL

APN

On peut faire de la proxi ou de la macro avec n’importe quel appareil mais le réflex reste le meilleur outil.

Plus il y a de pixels, plus il y a du détail.

• Petit capteur = grande profondeur de champ.
• Grand capteur = petite profondeur de champ.

Quel que soit l’APN, le tout est de bien connaître son potentiel… et de l'exploiter !

Les Objectifs

Macro ou « normal, standard », en fonction de son budget et de ses prédilections.

N’accordez qu’une confiance relative aux zooms avec position "macro" (appellation souvent abusive) : ils ne permettent généralement pas d’aller au delà du grossissement x 0,2 ou x 0,3 mais ils sont très bien pour la proxi.

Qu’est-ce que le grossissement x 0,2 ou x 0,3 ou x 0,5 ou 1:1?

C’est le rapport entre les dimensions réelles du sujet et celles de son image sur le capteur.

Si l’on photographie un sujet de la grandeur du capteur (après avoir fait la netteté), celui-ci doit occuper la surface totale du capteur ; le rapport est alors de 1x1, l’objectif est dit macro.

Le100mm macro reste l’arme absolue.

Avec de grandes focales (200, 300, 400, 600 mm), on peut faire de très belles proxi car avec ces télés, l’arrière-plan est fondu et très doux.

Si l’on ne dispose pas d’objectif macro, on peut aussi avoir recours à des outils qui vont permettre le grandissement, tels que: bonnettes, bagues allonge, soufflet, bague pour inverser l’objectif. Les bonnettes: elles se vissent devant l’objectif et permettent de réduire la distance de mise au point. Le grandissement est fonction du grossissement de la lentille.

• Conseil : Préférez les modèles peu puissants afin de conserver un haut niveau de piqué.
• Avantages: elles ne coûtent pas cher et peuvent s’adapter sur tous les objectifs.
• Inconvénients: Du fait qu’elles réduisent la distance de mise au point, cela fait fuir les sujets farouches. Elles font perdre du piqué.
• Les bagues allonge: elles s’intercalent entre l’objectif et l’APN et peuvent s’additionner. Le grandissement est fonction de la longueur des bagues.
• Avantages: Elles permettent de forts grandissements. Elles n’altèrent pas le piqué.
• Inconvénients: Elles absorbent beaucoup de lumière.

Le soufflet: 

il s’intercale entre l’APN et l’objectif.

• Avantage: il permet de très forts grandissements. Le grandissement est progressif.
• Inconvénients: il peut être cher. Il absorbe beaucoup de lumière.

Bague d’inversion de l’objectif : 

elle se visse à l’avant de l’objectif et se raccorde à l’APN. De ce fait, l’objectif est inversé. Pour avoir un bon grandissement, il faut avoir un objectif de petite focale.

• Avantage: si l’on accepte de faire tous les réglages manuellement, elle ne coûte pas cher.
• Inconvénient: si l’on veut conserver tous les automatismes, elle coûte très cher.

Trépied: 

il est spécial : sa colonne centrale ne dépasse pas en dessous et ses pieds s’écartent à l’horizontale ; il peut donc descendre au ras du sol.

Plateau coulissant ou rail micrométrique: il s’intercale entre l’APN et le trépied, il permet un déplacement avec la plus grande précision par rapport au sujet : pour cadrer (de gauche à droite) et faire la mise au point (d’avant en

arrière).Très pratique pour les sujets fixes et indispensable pour des rapports supérieurs à 1:1

Déclencheur souple:

il évite le bougé lors du déclenchement à de forts grandissements.

Flash cobra ou flash annulaire: 

permet d’éclairer le sujet et l‘arrière-plan.

Lampe de poche à leds : pour déboucher les ombres.

Réflecteur diffuseur: permet de déboucher les ombres.

Intercalé entre le sujet et la source lumineuse, il diffuse sa trop forte lumière et évite les forts contrastes.

Tapis de gym ou tissu épais : évite de se salir ou de se mouiller au sol et peut servir pour mettre à disposition le matériel à utiliser.

LA PROFONDEUR DE CHAMP

La grosse difficulté en macro est de gérer la faible profondeur de champ. Elle est fonction du grandissement, de l’ouverture du diaphragme et de la distance au sujet. Elle est souvent inférieure au millimètre. Pour l’étendre, on pourra appliquer la méthode du Focus Stacking (empilement de mises aux points).

L’ECLAIRAGE

En macro, pas de photo aboutie s’il n’y a pas de lumière composée et réfléchie. Bien regarder et analyser la lumière naturelle est la plus efficace des préparations. On a souvent le réflexe de photographier avec le soleil dans le dos mais

n’oubliez pas que le contre-jour souligne les formes, notamment sur les sujets hérissés ou poilus.

Pas de soleil direct sur le sujet (trop de contraste).. Ou alors il faut intercaler un diffuseur entre la source lumineuse et le sujet. Ce sont les lumières rasantes de début ou de fin de journée qui procurent les plus beaux éclairages, les plus belles couleurs.

Un entrainement facile et à la portée de tous : 

Une fleur que l’on dispose devant une fenêtre et un carton blanc ou un bout de polystyrène pour déboucher les ombres. C’est un éclairage simple qui permet de se concentrer sur la composition. Du fait du rapprochement et du grandissement, la lumière va vite manquer ; le recours au flash est alors quasiment indispensable. C’est très souvent le cas en macro.

Ne vous servez pas du flash intégré, la lumière serait trop directe. Si vous avez un flash cobra, ne le laissez pas sur l’APN et ne le dirigez pas directement sur le sujet mais vers un carton blanc ou vers un parapluie.

LE SUJET

Dans la nature, prenez le temps de repérer. Choisissez un sujet et traitez-le exclusivement, ne vous laissez pas distraire par un autre sujet (en macro c’est courant !). Si vous prenez en photo des insectes…IMPERATIF : respect de l’animal…ni

colle ni punaise ni congélateur !!!

Une araignée, même si elle n’a pas le capital sympathie d’une coccinelle, mérite tout autant notre respect. Personne n’écrase jamais volontairement une coccinelle !

LA COMPOSITION

Prenez votre temps pour bien penser votre photo plutôt que de déclencher trop vite sous l’effet de l’excitation.

Si vous êtes limité par le temps, restez chez vous car la macro est chronophage et très physique aussi.

Évitez la prise de vue en plongée sauf à rechercher un effet. Le sujet sera valorisé si le point de vue est à sa hauteur ou légèrement en contre-plongée.

On évitera de coller le sujet « en pleine pastille » au centre de l’image. Il faut le laisser respirer, lui donner du champ.

Se souvenir des règles de la composition. Soyez créatif ! Au-delà de la prouesse technique, il faut rechercher une

composition susceptible de retranscrire une ambiance, une atmosphère, en montrant le sujet dans son milieu naturel.

Gérer les différents plans de l’image Jouer et composer son image avec les flous. Une image qui contient de grandes zones de flous (du fait d’une faible profondeur de champ) suggère davantage qu’elle ne montre. Cet appel évident à l’imaginaire du lecteur laisse la part belle au rêve. Inversement, une image nette sur quasiment toute sa surface sera riche en informations. C’est à chacun de faire son choix pour l’une ou l’autre de ces tendances, selon ses goûts et sa recherche.

L’ARRIERE PLAN ou LE FOND

Très souvent on se focalise sur le sujet et on oublie le fond. Tout ce qui est dans le cadre va composer l’image et influer sur le rendu final….Très important !

Les différents plans constitutifs d’une image interfèrent ou s’accordent entre eux via plusieurs paramètres. Outre les lignes générales et la netteté globale, la couleur joue un grand rôle dans ces interactions. Globalement, les oppositions chromatiques des différents plans (teintes chaudes et froides, couleurs primaires et complémentaires) confèrent à l’image une certaine dynamique dès lors que la composition ne souffre d’aucun déséquilibre. A contrario, l’accord entre la couleur de l’arrière-plan et le sujet principal repose le regard, notamment quand le sujet est plus lumineux que le fond (l’oeil est attiré en premier par les hautes lumières). Ce type d’image véhicule souvent une sensation de sérénité, notamment quand les teintes chromatiques sont douces et peu saturées. Éclairer le fond avec un ou plusieurs flashs donne de la profondeur. La tendance n’est plus au fond noir (question de goût, de sujet…. et de moyens !)

REGLAGE DE L’APN

• Préférer le RAW pour sa plus grande latitude en post-production.
• Balance des blancs sur AUTO.
• Réglage des ISO en fonction de l’éclairage, mais surtout pas Auto.
• Priorité à l’ouverture : on choisit le diaphragme donc la profondeur de champ.
• AF soit Manuel soit Auto

Si le sujet est mobile : 

• Mode AI Servo chez Canon ou A F-C chez Nikon
• 0n peut aussi se mettre en rafale.

Pour un sujet statique:

• Préférez le pied et le déclencheur souple pour éviter le flou de bougé,
• Supprimer la stabilisation qui peut engendrer des vibrations
• Auto focus Manuel,
• Mettre la visée par l’écran arrière (Live View), zoomer puis déplacer le zoom dans l’image et faire la netteté manuellement sur la partie du sujet que vous aurez choisie.
• Lors d’un fort grandissement, il faudra bloquer en position haute le miroir pour éviter les vibrations lors du déclenchement.
• Se servir d’un déclencheur souple ou du retardateur.

Si l’on travaille en « studio », on règlera l’APN sur Manuel.

Toutes ces consignes sont valables pour la proxi.

PREMIERS PAS

• Pour acquérir vos premiers automatismes, entraînez-vous sur des sujets faciles et statiques comme les fleurs, les feuilles, les objets. Commencez votre initiation par jour de beau temps, sans vent.
• Pour un sujet mobile, à main levée, l’oeil au viseur, genou à terre (pensez à avoir toujours avec vous un tapis de sol) les coudes collés au corps, on respire calmement, on bloque sa respiration avant de faire la netteté et de déclencher.

Pourquoi ne pas improviser un petit studio sur une table dans la maison ?

Si possible, laisser le matériel à demeure pour pouvoir recommencer plus tard si la séance n‘a pas été concluante.

Dans l’idéal, télécharger de temps en temps ses photos sur l’ordi et prendre le temps de les analyser pour recommencer si nécessaire le shooting et ainsi affiner les prises de vues.

Quelquefois l’inspiration manque ; il ne faut pas insister et plutôt remettre au lendemain. La macro est une technique exigeante mais fascinante qui offre des possibilités créatrices incomparables. Le simple fait de travailler sur trépied et de fermer le diaphragme vous permettra d’aborder sereinement cette discipline et d’obtenir des clichés de grande qualité.

Avant d’être un musicien virtuose, il faut faire ses gammes. En macro, c’est pareil ! Avant de vouloir faire des photos d’art, il faut se souvenir des règles de base, cadrer, composer, éclairer et imposer ses choix à l’appareil.

Pour cela ne jamais perdre de vue qu’une bonne macro, c’est le portrait d’un insecte, d’une fleur, d’une plante, et il faudra donc le traiter comme tel.

Prenez du plaisir, faites de la macro !